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fmoulin77 committed May 4, 2024
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Expand Up @@ -53,16 +53,16 @@ M. Suvée[^73], dans une [Nativité](https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jos
Dans le genre des petits tableaux, tout le monde s'arrête devant celui de M. Wille[^93] le fils, représentant, avec beaucoup d'expression la scène du [Maréchal de Logis](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43988)[^94] qui délivre une jeune fille attachée à un arbre par deux assassins, et punit ces brigands. Il paraît qu'il a vu la pantomime du sieur Audinot[^95], composée sur le même sujet. Peut-être aurait-il bien fait de l'imiter jusqu'au bout et de peindre cet orage survenu à propos, ces scélérats épouvantablement costumés, éclairés lugubrement par la lueur des éclairs. On regarde aussi avec intérêt [la Mort d'une femme vertueuse](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43987) qui recommande à son mari les auteurs de ses jours et ses enfants. C'est un drame, <sup><sub>[18;616]</sub></sup> en comparaison de la Mort d'Alceste, qui est une Tragédie ; mais le Drame[^96] nous touche de plus près.
Il ne faut pas oublier, dans le genre des petits tableaux, M. de la Grenée le jeune, qui, comme bien d'autres, réussit mieux dans le petit que dans le grand. C'est un pipeau champêtre, qui ne doit pas avoir les sons éclatants de la trompette héroïque. Son [Moïse sauvé des eaux](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43851)[^97] est exécuté dans les deux genres, et plaît, jusqu'à un certain point, dans tous les deux ; mais c'est le grand tableau qui a le moins d’approbateurs. On peut faire à M. Renaud[^98] le même reproche et le même éloge. Son petit tableau de [Psyché , observant l’Amour](https://ow-mba.angers.fr/fr/notice/mba-j-150-j1881-p-l-amour-endormi-dans-les-bras-de-psyche-e117c6b2-bc7d-4c3e-9417-a17cdf333450)[^99], sourit à l'œil du spectateur ; mais son grand, qui représente [la Mort de Priam](https://utpictura18.univ-amu.fr/notice/20081-mort-priam-regnault)[^100], papillote[^101] singulièrement. Tous les visages y sont couverts de la pâleur de la mort, ce qui est naturel en pareille circonstance mais il fallait cependant varier les couleurs de ce tableau, de manière à n'en pas faire un espèce de camayeu.

[Jupiter [^102] endormi sur le mont Ida](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010053152) [^103], par M. le Barbier[^104] l'aîné, offre un sujet plus riant ; mais le Peintre n'a pas su donner à sa Junon la ceinture de Vénus ; et j'ai <sup><sub>[19;617]</sub></sup> vu, ce me semble, le même sujet traité plus heureusement par M. Julien.
[Jupiter endormi sur le mont Ida](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010053152) [^102], par M. le Barbier[^103] l'aîné, offre un sujet plus riant ; mais le Peintre n'a pas su donner à sa Junon la ceinture de Vénus ; et j'ai <sup><sub>[19;617]</sub></sup> vu, ce me semble, le même sujet traité plus heureusement par M. Julien.

Après l'examen de tous ces morceaux, promenons-nous dans les Paysages. Allons d'abord respirer le frais devant les Marines[^105] de M. Vernet[^106], Artiste au-dessus des atteintes de l'âge et de l'envie. Toujours des tempêtes, des calmes, et jamais de satiété de la part du Public, admirateur confiant de tous ces chef-d'œuvres. M. Hue, sans s'interdire l’Océan, paraît se plaire davantage sur le bord des fleuves. Il est à peu près sur la terre ce qu'est M. Vernet sur la mer. M. de Machi[^107] se renferme presque dans Paris et les environs. Il se distingue, cette année, par différentes [vues de Versailles](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43876), de la place Louis XV[^108], du Palais de la Justice[^109] et autres. Il a mis des ballons dans ses tableaux, pour y désigner l'époque de la grande découverte[^110] ; ils donnent aux objets qu'ils représentent une existence fixe, qui plaira toujours de plus en plus. M. Nivard[^111] a donné entre autres un Paysage charmant, représentant les [environs de la baronnie de Mello](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44020). Il y règne une harmonie agréable dans les couleurs, un détail précieux dans les feuillages : c'est vraiment la campagne. M. de Marne[^112] marche, à quelque distance, sur les pas <sup><sub>[20;618]</sub></sup> de Wauvermans[^113]. M. César Vanloo[^114] s'annonce bien dans le Paysage. M. Robert[^115] est toujours reconnaissable. On regarde avec plaisir, entre autres, deux pendans de lui[^116] ; l'un représentant les plus fameuses antiquités de la France qu'il a rassemblées artistement, comme le Pont du Gard, la Maison carrée de Nîmes, le Temple de Diane, les Arènes, etc. ; l'autre , plus piquant, offre un incendie dans Rome : on entrevoit Saint-Pierre et autres édifices au travers des flammes. L'embrasement est répété dans une pièce d'eau. L'idée de réunir les deux éléments et leurs effets combinés, me paraît heureuse. [Quelques fleurs](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43909)[117] de M. Wan-Spaendon[^118] ; des bas-reliefs, très bien imités[^119], par M. le Sauvage[^120] termineront l'article de la Peinture. Les Miniatures, les Émaux, les Camés, les Gravures, les Dessins font des excédents agréables, des espèces de hors-d’œuvres qui semblent perdus au milieu de tant de richesses, et qui n'en ont pas moins leur mérite aux yeux des connaisseurs assez heureux pour pouvoir en approcher dans les embrasures des fenêtres.
Après l'examen de tous ces morceaux, promenons-nous dans les Paysages. Allons d'abord respirer le frais devant les Marines[^104] de M. Vernet[^105], Artiste au-dessus des atteintes de l'âge et de l'envie. Toujours des tempêtes, des calmes, et jamais de satiété de la part du Public, admirateur confiant de tous ces chef-d'œuvres. M. Hue, sans s'interdire l’Océan, paraît se plaire davantage sur le bord des fleuves. Il est à peu près sur la terre ce qu'est M. Vernet sur la mer. M. de Machi[^106] se renferme presque dans Paris et les environs. Il se distingue, cette année, par différentes [vues de Versailles](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43876), de la place Louis XV[^107], du Palais de la Justice[^108] et autres. Il a mis des ballons dans ses tableaux, pour y désigner l'époque de la grande découverte[^109] ; ils donnent aux objets qu'ils représentent une existence fixe, qui plaira toujours de plus en plus. M. Nivard[^110] a donné entre autres un Paysage charmant, représentant les [environs de la baronnie de Mello](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44020). Il y règne une harmonie agréable dans les couleurs, un détail précieux dans les feuillages : c'est vraiment la campagne. M. de Marne[^111] marche, à quelque distance, sur les pas <sup><sub>[20;618]</sub></sup> de Wauvermans[^112]. M. César Vanloo[^113] s'annonce bien dans le Paysage. M. Robert[^114] est toujours reconnaissable. On regarde avec plaisir, entre autres, deux pendans de lui[^115] ; l'un représentant les plus fameuses antiquités de la France qu'il a rassemblées artistement, comme le Pont du Gard, la Maison carrée de Nîmes, le Temple de Diane, les Arènes, etc. ; l'autre , plus piquant, offre un incendie dans Rome : on entrevoit Saint-Pierre et autres édifices au travers des flammes. L'embrasement est répété dans une pièce d'eau. L'idée de réunir les deux éléments et leurs effets combinés, me paraît heureuse. [Quelques fleurs](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/43909)[116] de M. Wan-Spaendon[^117] ; des bas-reliefs, très bien imités[^118], par M. le Sauvage[^119] termineront l'article de la Peinture. Les Miniatures, les Émaux, les Camés, les Gravures, les Dessins font des excédents agréables, des espèces de hors-d’œuvres qui semblent perdus au milieu de tant de richesses, et qui n'en ont pas moins leur mérite aux yeux des connaisseurs assez heureux pour pouvoir en approcher dans les embrasures des fenêtres.

La Sculpture mériterait un article plus étendu. Nous avons déjà parlé des statues qui ornent la cour : ce sont les prin-<sup><sub>[[21;619]</sub></sup> cipaux tributs de ce bel Art. Le reste se réduit à des bustes dont la plupart font bien faits, à la tête desquels on doit observer celui de [notre Monarque](https://www.rct.uk/collection/39496/louis-xvi), très ressemblant, par M. Boizot ; ceux du [Roi de Suède](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44075), et de l'immortel [Prince Henri](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44076), frère du Roi de Prusse, font honneur à M. Houdon[^121] ; celui de [M. le Bailly de Suffren](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44088), à M. Monot. Quelques petites statues de marbre , comme [un fleuve](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010095096), par M. Foucou[^122] ; [Ganimède versant le Nectar à Jupiter](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010094806), par M. Julien ; [Abel expirant](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010091593), par M. Stouff[^123], etc. [Quelques projets de monuments, avec un escalier](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44041), de M. Wailly[^124], renvoient les spectateurs satisfaits.
La Sculpture mériterait un article plus étendu. Nous avons déjà parlé des statues qui ornent la cour : ce sont les prin-<sup><sub>[[21;619]</sub></sup> cipaux tributs de ce bel Art. Le reste se réduit à des bustes dont la plupart font bien faits, à la tête desquels on doit observer celui de [notre Monarque](https://www.rct.uk/collection/39496/louis-xvi), très ressemblant, par M. Boizot ; ceux du [Roi de Suède](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44075), et de l'immortel [Prince Henri](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44076), frère du Roi de Prusse, font honneur à M. Houdon[^120] ; celui de [M. le Bailly de Suffren](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44088), à M. Monot. Quelques petites statues de marbre , comme [un fleuve](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010095096), par M. Foucou[^121] ; [Ganimède versant le Nectar à Jupiter](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010094806), par M. Julien ; [Abel expirant](https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010091593), par M. Stouff[^122], etc. [Quelques projets de monuments, avec un escalier](https://salons.musee-orsay.fr/index/notice/44041), de M. Wailly[^123], renvoient les spectateurs satisfaits.

Tandis que nous nous disposions à sortir magnétisés mon compagnon et moi, je vis entrer un flot de foule animée, et bientôt je distinguai au milieu d'elle un homme à qui le Suisse enleva, sans qu'il s'en aperçut, un bonnet de nuit[^125]. Il avait sur les épaules un manteau qu'un des spectateurs me dit lui avoir jeté sur le corps pour couvrir sa nudité. Cet homme, qui avait osé sortir de chez lui en chemise et en bonnet de nuit, avait les yeux fixes. Il pérora beaucoup sur tous les chef-d'œuvres, fort attentivement écouté de la multitude qui <sup><sub>[22;319]</sub></sup> l'entourait. Il loua beaucoup les grands tableaux de M. David, le Monnier, Peyron, Vien ; les petits de M. Wille le fils, la Grenée le jeune, Renaud, etc. les portraits de Mesdames le Brun, Guyard, ceux de M. Roslin, Duplessis, Vestier, etc.; les Paysages de M. Vernet, Hue, de Machi, Robert, etc ; tout ce que mon Esculape disait doué d'une vertu magnétique, et tous les morceaux enfin dont la réunion formait à mes yeux une agréable symphonie. Malheureusement pour ce singulier personnage, tandis qu'on l'admirait comme un prodige, son manteau s'étant ouvert, le Suisse s'aperçut de son déshabillé peu décent; il le prit par le bras, et le secoua même assez rudement, pour le mettre à la porte : l'homme tressaillit, ses yeux cessèrent d'être fixes. « Où suis-je, s'écria-t-il tout confus? » Il s'éveillait. C'était un somnambule ; il était venu voir précédemment les tableaux : plusieurs l’avaient sans doute frappé. Il était revenu les juger en dormant, et s'en acquittait plus sainement que plusieurs connaisseurs qui veillaient. Il se sauva tout honteux. La foule le suivit et nous entraîna sur ses pas. Je retournai chez <sup><sub>[23;621]</sub></sup> moi, je me hâtai d'écrire ce conte à dormir debout. Si quelque Lecteur n'en est pas content, je lui donnerai, pour dédommagement, une sonate que j'ai composée, et, qui plus est, exécutée en dormant : mais je finis, la plume me tombe des mains, je dors déjà moi-même.
Tandis que nous nous disposions à sortir magnétisés mon compagnon et moi, je vis entrer un flot de foule animée, et bientôt je distinguai au milieu d'elle un homme à qui le Suisse enleva, sans qu'il s'en aperçut, un bonnet de nuit[^124]. Il avait sur les épaules un manteau qu'un des spectateurs me dit lui avoir jeté sur le corps pour couvrir sa nudité. Cet homme, qui avait osé sortir de chez lui en chemise et en bonnet de nuit, avait les yeux fixes. Il pérora beaucoup sur tous les chef-d'œuvres, fort attentivement écouté de la multitude qui <sup><sub>[22;319]</sub></sup> l'entourait. Il loua beaucoup les grands tableaux de M. David, le Monnier, Peyron, Vien ; les petits de M. Wille le fils, la Grenée le jeune, Renaud, etc. les portraits de Mesdames le Brun, Guyard, ceux de M. Roslin, Duplessis, Vestier, etc.; les Paysages de M. Vernet, Hue, de Machi, Robert, etc ; tout ce que mon Esculape disait doué d'une vertu magnétique, et tous les morceaux enfin dont la réunion formait à mes yeux une agréable symphonie. Malheureusement pour ce singulier personnage, tandis qu'on l'admirait comme un prodige, son manteau s'étant ouvert, le Suisse s'aperçut de son déshabillé peu décent; il le prit par le bras, et le secoua même assez rudement, pour le mettre à la porte : l'homme tressaillit, ses yeux cessèrent d'être fixes. « Où suis-je, s'écria-t-il tout confus? » Il s'éveillait. C'était un somnambule ; il était venu voir précédemment les tableaux : plusieurs l’avaient sans doute frappé. Il était revenu les juger en dormant, et s'en acquittait plus sainement que plusieurs connaisseurs qui veillaient. Il se sauva tout honteux. La foule le suivit et nous entraîna sur ses pas. Je retournai chez <sup><sub>[23;621]</sub></sup> moi, je me hâtai d'écrire ce conte à dormir debout. Si quelque Lecteur n'en est pas content, je lui donnerai, pour dédommagement, une sonate que j'ai composée, et, qui plus est, exécutée en dormant : mais je finis, la plume me tombe des mains, je dors déjà moi-même.

> Et l'Écrivain bien las, succombant sous l'effort,
> Soupire, étend les bras, ferme l'œil et s'endort.[^126]
> Soupire, étend les bras, ferme l'œil et s'endort.[^125]
FIN

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