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Projet deloynes

Une édition numérique d'une brochure de critique d'art

JUGEMENT D'UN MUSICIEN SUR LE SALON DE PEINTURE DE 1785.

Ubi plura nitent. . .non ego paucis
Ofendar maculis
Horace1

A AMSTERDAM Et se trouve à Paris,
Chez QUILLAU l'aîné, Libraire, rue Christine ; et chez les Marchands de Nouveautés,

M DCC LXXXV.

[3;601] J'ai l'honneur d'être Musicien, et de plus, Somnambule. Cette dernière qualité me rapporte beaucoup plus que la première. Un Docteur magnétisant2 par toute la France a trouvé plaisant de me voir exécuter, en dormant, des morceaux de musique assez difficiles. Il a jugé que je pourrai, avec mon instrument, amuser ses malades dans leurs crises, et l'aider à plonger dans le somnambulisme ceux qu'il prétendait guérir par cette nouvelle méthode. Nous avons parlé ensemble du Salon de Peinture qui attire aujourd'hui la foule des curieux. Mon Esculape3 m'a juré que plusieurs des morceaux qu'on y voyait [4;602] étaient doués d'une vertu magnétique : ce sont apparemment ceux qui fixent le plus les regards du Public. Il m'a proposé de visiter avec lui ce Salon, et d'écrire le jugement que j'en porterais.
« La Peinture, m'a-t-il dit, n'est pas pour vous une matière étrangère; il règne entre tous les Beaux-Arts une analogie manifeste; et un Musicien peut juger, mieux qu'un Peintre, les Ouvrages des Apelles4, parce qu'il n'est pas dans le cas de les voir avec rivalité et partialité, et qu'il n'a pas les préjugés de l'état. Si M. Gluck5 a dit qu'il voulait oublier qu'il était Musicien, pour être entièrement Peintre, vous pouvez vous immiscer dans l'art des Zeuxis6 et des Praxitèles7. Feu M. le Prince8, habile paysagiste, se trouvant au pouvoir des Corsaires, les enchanta, comme un autre Orphée9, avec son violon10 ; vous en ferez autant avec le vôtre. Vous commencerez par amener vos Auditeurs à ce doux bâillement, précurseur du sommeil, et vous finirez par les endormir tout à fait avec votre plume ».

D'après des raisonnements si flatteurs, je me suis déterminé à écrire mon jugement sur les Peintures et Sculptures [5;603] du Salon, d'autant plus volontiers que j'ai été aussi chargé de cette commission par la Société des Enfants de l'harmonie11. Je laisse aux Peintres à juger de la distribution plus ou moins heureuse des lumières, de la justesse des contours, du groupement et balancement des figures, des tons plus ou moins argentins , et je m'attacherai uniquement à l'esprit des choses; car il faut aussi que quelqu'un se charge de cette partie essentielle. J'examinerai enfin ce qu' un Artiste n'examinerait peut-être pas. Par exemple, en observant la statue de Blaise Pascal12, méditant avec une attention bien caractérisée, je remarquerai que ce pieux Philosophe, mort à 33 ans, est représenté trop âgé par M. Pajou13 : il y a même une singulière méprise. Ce grand Géomètre a fait des expériences sur la pesanteur de l'air -au haut d'une montagne nommée le Puy du Dôme. Le Sculpteur a gravé sur un tableau un puits avec un tiphon. Il paraît clair qu'il a pris une montagne pour un puits. Voilà une de ces observations qui peuvent échapper aux critiques Artistes, et que je relèverai en glanant après eux. (J'ai vu avec plaisir , hors du Salon, la Psyché abandonnée du même Aut-[6;604] eur.) Le Maréchal de Vauban, par M. Bridan14, est principalement caractérisé par son nom qui est au bas ; mais sans être mauvais, ni même médiocre, il n'attire pas fortement l'attention publique. Jean La Fontaine, par M. Julien15, est plongé dans une douce méditation. Ces figures sont exécutées en marbre. Les quatre nouvelles commandées pour cette année sont soumises au jugement public, seulement en plâtre. Le Grand Condé jetant son bâton de commandement dans la mêlée des ennemis, par M. Rolland16, attire les regards; mais j'ai vu le même sujet traité plus heureusement, ce me semble, par M. Dardel17. Le héros avançait tout le corps pour se précipiter à la suite de son bâton; celui de M. Rolland, au contraire, paraît se contenter d'y précipiter les autres ; et n'est pas d'ailleurs assez noble, du moins à mes yeux. Abraham Duquesne, par M. Monot18, est assez bien posé ; il a même l'air d'un brave homme; mais il est peu imposant. Racine, représenté par M. Boizot19 dans le moment de la composition, n'a pas, ce me semble, un enthousiasme bien spirituel. Mathieu Molé, Premier Président, Garde des Sceaux, par M Gois20, [7;605] a une figure vraiment vénérable, qui rappelle celle du Chancelier de l'Hôpital, par le même Auteur. Le bon Philopœmen avalant la ciguë, par M. de Joux21 , est nu et bien maigre ; un prisonnier, à qui l'on donne la mort, peut bien être dans cet état qui sollicite la commisération. Mais M. Pigal22 eut tort, quand il représenta autrefois Voltaire en Apollon, aussi décharné ; ce n'était pas là la figure d'un Dieu jouissant d'une jeunesse immortelle. Ces statues ornent la cour qui conduit au Salon.

Monté dans ce Lycée, je reconnus d'abord que tous ces tableaux, les uns bons, les autres mauvais ou passables, les uns coloriés, les autres enluminés, loin d'offrir aux yeux une douce harmonie, formaient entre eux une cacophonie augmentée par l'affluence bruyante des spectateurs. Plusieurs morceaux inférieurs, au milieu des bonnes choses, détonnaient et faisaient des dissonances désagréables. On ne consulte point d'ailleurs, pour placer ces tableaux, le côté d'où ils prennent leur lumière. Il y a des places de faveur; mais il y en a aussi de très-défavorables. Et en général les hauts de la salle éloi- [8;605] gnent trop les objets ; il faudrait une galerie, et non pas un Salon23.
L'histoire ne se présente point encore avec tout l'avantage possible. Je me permettrai, à cette occasion, de critiquer un peu le choix des sujets. Je désirerais beaucoup qu'on en puisât dans nos annales ; mais au moins faudrait-il choisir des faits intéressants, pour les consacrer à la mémoire par des tableaux ou des statues. Les vertus et les exploits de nos grands Hommes nous fourniraient une ample matière : mais qu'y a-t-il d'intéressant pour nous dans la fable qui représente le petit Hercule étouffant des serpents dans son berceau24 par M. Taraval25 ? Je trouve quelques beaux détails dans le tableau de M. de la Grenée26 l'aîné, intitulé la mort de la femme de Darius27 ; mais que nous importe cette femme ? Chapelle28, dans un délire bacchique, fit pleurer deux ou trois personnes, et pleura lui-même sur la mort de Pindare29. Le Peintre veut-il nous arracher des larmes aussi comiques ? N'aurait-il pas plus attaché, s'il nous avait offert, par exemple, la mort de cette Madame Henriette d'Angleterre, qui subjugua La tendre inclination qu'elle [9,607] éprouvait peut-être pour Louis XIV30 ? N'eût-on pas vu avec plus d'intérêt le visage de cette Princesse touchante, exprimant l'impression des plus cruelles douleurs, surmontées par sa douceur et sa sérénité, fixant ses tendres regards sur Louis le Grand, déchiré de ses souffrances ? et ne se serait-on pas alors rappelé ces paroles de Bossuet31. « Nuit terrible, nuit désastreuse, où retentit tout à coup, comme un coup de tonnerre, cette nouvelle affreuse, Madame se meurt, Madame est morte “ ! Je trouve, dans le tableau de M. de la Grenée, tous les visages presque du ton de la morte. Est-ce pour leur donner l'air d'un deuil de Cour ? Alexandre32 semble relever de maladie : son ami Ephestion33 paraît aussi blême que lui.
La mort d'Alceste34, qui se dévoue pour son mari, est plus intéressante, parce que c'est un sacrifice généreux, digne d'être célébré. Son époux, les enfants sont autour d'elle ; c'est la scène d'Euripide35 mise en tableau. L' Auteur, M. Peyron36, a de plus un prisonnier tourmenté par ses remords, qui forme une savante académie.

La même Alceste délivrée de la mort37 [10;608] et rendue à son mari par Hercule, offre une lueur agréable du talent de M. Ménageot38 ; mais c'est un petit tableau, et son grand morceau représentant Cléopâtre qui rend son dernier hommage au Tombeau d'Antoine39, ne fait pas un si heureux effet que la mort de Léonard de Vinci40.
Je vois plusieurs Peintres qui ont ébloui dans les Salons précédens, plus ou moins éclipsés dans celui-ci ; mais de Nouveaux paraissent avec avantage sur l’horizon. M. le Monnier41, par exemple, brille à son aurore, et montre, pour son essai, une composition vraiment grande dans sa peste de Milan. Il a, dit-on, été longtemps malade à Rome. Il en revenait avec plusieurs morceaux qui devaient rétablir sa réputation. A son passage par Lyon, ils ont été portés à la douane ; un incendie survenu dans ce moment a consumé, avec la douane , tous ces chef-d'œuvres, fruits des travaux de plusieurs années.
Ce jeune Peintre est de Rouen , et l’on ne peut compter, sans une sorte d'admiration, tous les Artistes qui se sont distingués depuis que M. Descamps42 [11,609] a établi, dans cette Ville, une École de Dessin ; on pourrait représenter ce Professeur fécond embrassant tous les élèves qu'il a fait, comme Virgile 43 peint la mère des Dieux:

Centum complexa nepotes,
Omnes coelicolas, omnes supera alta tenentes.
La Déesse embrassait cent de ses petits-fils,.. Tous habitans des Cieux, révérés sur la terre. 44

Le tableau de M. le Monnier paraissait le premier du Salon ; un nouveau, sans l'effacer, est venu se placer au moins à l'un des premiers rangs : c'est l’Ouvrage45 de M. David46. On avait dit ce Peintre assassiné sur la route en s’en retournant à Rome, pour y perfectionner ses talens. Il prouve bien glorieusement par ce morceau la fausseté de ce bruit mal imaginé. Le vieil Horace présente trois épées à ses trois fils, qui jurent de combattre vaillamment. Le Peintre n'a pas su trouver d'autre ressource, pour varier leurs attitudes, que de faire prêter serment au premier de la main droite, aux deux autres de la gauche. On croit sentir que ce premier sera vainqueur, et que les deux gauchers périront dans le combat. [12;610] Ce père Horace, qui envoie ses enfants au champ de bataille, m'intéresse davantage que le Manlius Torquatus de M. Berthellemy47, qui condamne son fils à mort quoique vainqueur. J'aime encore moins peut-être le cruel et superstitieux Jephté48, de M. Amédée Vanloo49, qui dévoue sa fille à la mort, parce qu'elle a eu le malheur de venir à sa rencontre. Ces tableaux avaient peu de vertu magnétique aux yeux de mon Esculape, aussi bien que celui de Philoctète50, à qui l’on enlève les flèches, par M. Taillasson51. Il y a pourtant du mérite dans ce morceau et dans quelques autres du même Auteur. Il y en a aussi dans le tableau des Dames Romaines52 qui offrent leurs bijoux pour en composer une coupe d'or qu'on doit déposer dans le Temple d'Apollon. Cette dévotion païenne est sans doute fort édifiante pour nous ; mais n'y avait-il aucun trait de piété ou de générosité à présenter de la part de nos Dames Françaises ? Saint Louis rendant la justice au pied du chêne53, du même auteur (M. Brenet54), m'a paru presque dépouillé de toute vertu.
M. Callet55 soutient sa réputation par son Achille furieux, qui traîne à son [13;611] char le corps d'Hector56. C'est une fugue où il y a de la chaleur et du mouvement. Mais M. Vincent57 pâlit un peu dans ses deux tableaux d'Arrie et Pœtus58. On dit que le grand est beau de près ; que l’Auteur s'en prenne donc à l'éloignement59, s'il n'obtient pas plus de suffrages. C'est une femme qui vient inspirer de la vertu à son, mari en se donnant un coup de couteau dans le ventre, et en lui disant : « Cela ne fait point de « mal », pour l’engager a en faire autant. Il vient d’arriver à Paris un trait à peu près semblable. La sœur d'un malheureux condamné au bûcher s'est introduite dans sa prison, et lui a présenté de l'eau forte60 pour, fournir le moyen de se soustraire au supplice, en lui offrant de lui donner l'exemple de s'empoisonner. Le criminel, par une lâcheté bizarre, a refusé le poison,et s'est réservé pour les flammes; ce qui ferait croire que ces misérables ont ordinairement l'esprit aliéné. La sœur courageuse ne s’en est pas moins immolée.
M. Vien61 n'est jamais éclipsé. Je vois avec intérêt son tableau de Priam qui ramène le corps de son fils Hector62 ; ce corps est à peu près de la porte de Scée, où l’Auteur a mis une inscription [14,612] grecque pour ceux qui n'entendent pas le Troyen. On reconnaît le même Priam, qui, dans son tableau du Salon précédent63, partit pour cette expédition. M. Vien a dit sans doute:

Dois-je oublier Hector privé de funérailles,.. Et traîné sans honneur autour de nos murailles?64

Ce Peintre sage et modéré puise fort souvent dans le fougueux Homère65 ; mais ici le sujet est bien adapté au génie de l'Artiste ; et il est en effet bien traité. Cependant, je remarquerai un défaut des Arts et de la Poésie chez les Grecs, c'est de confiner tous leurs travaux dans le cercle étroit de deux ou trois familles, et des temps fabuleux où elles ont brillé, au lieu de prendre l’Univers pour théâtre, et le Genre humain pour sujet. Pelops66, Tantale67, Agamemnon68, Oreste69, tout roule sur ces Héros éternels, Poèmes épiques Tragédies, Tableaux, Statues, et. La Poésie latine me paraît encore plus défectueuse à cet égard ; elle se traîne, sur les pas de la grecque elle ne fait mention que des noms d'Achille70, Ulysse71, Agamemnon, ne fait allusion qu'à ces fables déjà si rebattues : et ce n'est pas encore assez, [15,613] Il Faut que la Poésie française, la Peinture, la Sculpture, se ressentent de cette épidémie, et nous rappellent, jusqu'à la satiété , Achille, Hector72, Agamemnon etc. Je sens tout le mérite de ces sujets ; mais j'applaudirai toujours au noble élan des Artistes qui ne s'y borneront pas, et qui étendront pour nous, à l'envi, l'horizon des Beaux-Arts.

M. Suvée73, dans une Nativité74, a peint une petite Vierge dont le visage enluminé contraste singulièrement avec la figure peu piquante que les Peintres donnent toujours à son chaste époux. Je passe sous silence quelques tableaux d'Église placés modestement dans les encoignures , quelques figures de Saints et de Saintes qui ne sont pas sans mérite. Et j’en viens à M. Bardin75, qui mérite aussi des louanges : il a fait une Extrême-Onction76 qui est peut-être fort bonne, et qu'on voit de loin placée à une grande hauteur -, c'est à cette cérémonie suprême que je quitte le vénérable genre de l'Histoire pour aller m'égayer. Et d'abord, je vais m'épanouir la rate devant la Bacchante française77 de Madame le Brun78. La pétulante gaieté qui anime ses yeux, sa nudité agaçante couverte en partie par une peau de tigre, font pétiller [16,614] mon sang. Des portraits flatteurs de plusieurs jolies Dames79, ceux de deux Enfants80 aussi augustes que chéris, de là même main, conspirent à mon enchantement, et ne m'empêchent pas de reconnaître aussi le mérite de celui du Ministre des Finances. Je vois, dans les Ouvrages de cette charmante Artiste, je ne sais quoi d'Amoroso. C'est la mélodie de l'Art. Il faut laisser aux Peintres d'Histoire les grands effets de l'harmonie. Mde Guyard81 rivalise avec Madame le Brun par plusieurs portraits bien composés, bien peints, et sur-tout par celui où elle s'est représentée elle-même dans les occupations de son Art82. Madame Vallayer - Coster83 a des talents plus multipliés qui n'étincellent pas tout à fait cette année. On voit avec intérêt le portrait de Madame de Saint-Huberti, un peu faible de couleur ; celui d'un Evêque84, est un peu plus vigoureux. Ses tableaux de gibier et d'animaux85 font le plus d'honneur à son pinceau. Ces trois Muses contribuent à soutenir la réputation du Salon. Les autres Peintres de portraits les secondent ; M. Roslin86 en a de charmans ; et de plus, un petit tableau87 qui représente une dame donnant un dernier coup-d'œil à son miroir à la fin [17;615] de sa toilette. Ce morceau plaît par la magie des étoffes, le bon ton et le naturel brillant des carnations. M. Duplessis88 n'est pas éclipsé, ou ne l'est que bien peu M. Wertmuller89 a bien peint plusieurs de ses amis avec son coloris léché ; mais un grand portrait90, qui intéresse toute la Nation par le sujet, a besoin d'être retouché. Il se peut que le respect ait mis l’Auteur moins à son aise que l'amitié. M. Vestier91 s'annonce très bien par le portrait de sa sœur peignant celui de son père92, et par plusieurs autres.

Dans le genre des petits tableaux, tout le monde s'arrête devant celui de M. Wille93 le fils, représentant, avec beaucoup d'expression la scène du Maréchal de Logis94 qui délivre une jeune fille attachée à un arbre par deux assassins, et punit ces brigands. Il paraît qu'il a vu la pantomime du sieur Audinot95, composée sur le même sujet. Peut-être aurait-il bien fait de l'imiter jusqu'au bout et de peindre cet orage survenu à propos, ces scélérats épouvantablement costumés, éclairés lugubrement par la lueur des éclairs. On regarde aussi avec intérêt la Mort d'une femme vertueuse qui recommande à son mari les auteurs de ses jours et ses enfants. C'est un drame, [18;616] en comparaison de la Mort d'Alceste, qui est une Tragédie ; mais le Drame96 nous touche de plus près.
Il ne faut pas oublier, dans le genre des petits tableaux, M. de la Grenée le jeune, qui, comme bien d'autres, réussit mieux dans le petit que dans le grand. C'est un pipeau champêtre, qui ne doit pas avoir les sons éclatants de la trompette héroïque. Son Moïse sauvé des eaux97 est exécuté dans les deux genres, et plaît, jusqu'à un certain point, dans tous les deux ; mais c'est le grand tableau qui a le moins d’approbateurs. On peut faire à M. Renaud98 le même reproche et le même éloge. Son petit tableau de Psyché , observant l’Amour99, sourit à l'œil du spectateur ; mais son grand, qui représente la Mort de Priam100, papillote101 singulièrement. Tous les visages y sont couverts de la pâleur de la mort, ce qui est naturel en pareille circonstance mais il fallait cependant varier les couleurs de ce tableau, de manière à n'en pas faire un espèce de camayeu.

Jupiter endormi sur le mont Ida 102, par M. le Barbier103 l'aîné, offre un sujet plus riant ; mais le Peintre n'a pas su donner à sa Junon la ceinture de Vénus ; et j'ai [19;617] vu, ce me semble, le même sujet traité plus heureusement par M. Julien.

Après l'examen de tous ces morceaux, promenons-nous dans les Paysages. Allons d'abord respirer le frais devant les Marines104 de M. Vernet105, Artiste au-dessus des atteintes de l'âge et de l'envie. Toujours des tempêtes, des calmes, et jamais de satiété de la part du Public, admirateur confiant de tous ces chef-d'œuvres. M. Hue, sans s'interdire l’Océan, paraît se plaire davantage sur le bord des fleuves. Il est à peu près sur la terre ce qu'est M. Vernet sur la mer. M. de Machi106 se renferme presque dans Paris et les environs. Il se distingue, cette année, par différentes vues de Versailles, de la place Louis XV107, du Palais de la Justice108 et autres. Il a mis des ballons dans ses tableaux, pour y désigner l'époque de la grande découverte109 ; ils donnent aux objets qu'ils représentent une existence fixe, qui plaira toujours de plus en plus. M. Nivard110 a donné entre autres un Paysage charmant, représentant les environs de la baronnie de Mello. Il y règne une harmonie agréable dans les couleurs, un détail précieux dans les feuillages : c'est vraiment la campagne. M. de Marne111 marche, à quelque distance, sur les pas [20;618] de Wauvermans112. M. César Vanloo113 s'annonce bien dans le Paysage. M. Robert114 est toujours reconnaissable. On regarde avec plaisir, entre autres, deux pendans de lui115 ; l'un représentant les plus fameuses antiquités de la France qu'il a rassemblées artistement, comme le Pont du Gard, la Maison carrée de Nîmes, le Temple de Diane, les Arènes, etc. ; l'autre , plus piquant, offre un incendie dans Rome : on entrevoit Saint-Pierre et autres édifices au travers des flammes. L'embrasement est répété dans une pièce d'eau. L'idée de réunir les deux éléments et leurs effets combinés, me paraît heureuse. Quelques fleurs[116] de M. Wan-Spaendon116 ; des bas-reliefs, très bien imités117, par M. le Sauvage118 termineront l'article de la Peinture. Les Miniatures, les Émaux, les Camés, les Gravures, les Dessins font des excédents agréables, des espèces de hors-d’œuvres qui semblent perdus au milieu de tant de richesses, et qui n'en ont pas moins leur mérite aux yeux des connaisseurs assez heureux pour pouvoir en approcher dans les embrasures des fenêtres.

La Sculpture mériterait un article plus étendu. Nous avons déjà parlé des statues qui ornent la cour : ce sont les prin-[[21;619] cipaux tributs de ce bel Art. Le reste se réduit à des bustes dont la plupart font bien faits, à la tête desquels on doit observer celui de notre Monarque, très ressemblant, par M. Boizot ; ceux du Roi de Suède, et de l'immortel Prince Henri, frère du Roi de Prusse, font honneur à M. Houdon119 ; celui de M. le Bailly de Suffren, à M. Monot. Quelques petites statues de marbre , comme un fleuve, par M. Foucou120 ; Ganimède versant le Nectar à Jupiter, par M. Julien ; Abel expirant, par M. Stouff121, etc. Quelques projets de monuments, avec un escalier, de M. Wailly122, renvoient les spectateurs satisfaits.

Tandis que nous nous disposions à sortir magnétisés mon compagnon et moi, je vis entrer un flot de foule animée, et bientôt je distinguai au milieu d'elle un homme à qui le Suisse enleva, sans qu'il s'en aperçut, un bonnet de nuit123. Il avait sur les épaules un manteau qu'un des spectateurs me dit lui avoir jeté sur le corps pour couvrir sa nudité. Cet homme, qui avait osé sortir de chez lui en chemise et en bonnet de nuit, avait les yeux fixes. Il pérora beaucoup sur tous les chef-d'œuvres, fort attentivement écouté de la multitude qui [22;319] l'entourait. Il loua beaucoup les grands tableaux de M. David, le Monnier, Peyron, Vien ; les petits de M. Wille le fils, la Grenée le jeune, Renaud, etc. les portraits de Mesdames le Brun, Guyard, ceux de M. Roslin, Duplessis, Vestier, etc.; les Paysages de M. Vernet, Hue, de Machi, Robert, etc ; tout ce que mon Esculape disait doué d'une vertu magnétique, et tous les morceaux enfin dont la réunion formait à mes yeux une agréable symphonie. Malheureusement pour ce singulier personnage, tandis qu'on l'admirait comme un prodige, son manteau s'étant ouvert, le Suisse s'aperçut de son déshabillé peu décent; il le prit par le bras, et le secoua même assez rudement, pour le mettre à la porte : l'homme tressaillit, ses yeux cessèrent d'être fixes. « Où suis-je, s'écria-t-il tout confus? » Il s'éveillait. C'était un somnambule ; il était venu voir précédemment les tableaux : plusieurs l’avaient sans doute frappé. Il était revenu les juger en dormant, et s'en acquittait plus sainement que plusieurs connaisseurs qui veillaient. Il se sauva tout honteux. La foule le suivit et nous entraîna sur ses pas. Je retournai chez [23;621] moi, je me hâtai d'écrire ce conte à dormir debout. Si quelque Lecteur n'en est pas content, je lui donnerai, pour dédommagement, une sonate que j'ai composée, et, qui plus est, exécutée en dormant : mais je finis, la plume me tombe des mains, je dors déjà moi-même.

Et l'Écrivain bien las, succombant sous l'effort,
Soupire, étend les bras, ferme l'œil et s'endort.124

FIN

Footnotes

  1. La citation est tirée de l'Epître aux Pisons (appelé aussi Art poétique), poème d'Horace, poète latin contemporain d'Auguste. « Quand le poème a des beautés, quelques taches ne me choquent pas. » ( Art poétique, 351.)

  2. Franz Anton Mesmer (1734 - 1815) médecin allemand et théoricien du mesmérisme où il affirme pouvoir guérir les malades par une méthode magnétique. Celle-ci passe par la mise en place d'un baquet d'eau dite "magnétisée" où les malades sont installés afin de les guérir collectivement. Mesmer a vécu en France durant un court laps de temps (1778 - 1785) et a été ridiculisé tout du long par des savants de l'époque malgré sa popularité. A la suite de ces nombreuses critiques, il décida de quitter le pays au début de l'année 1785.

  3. Esculape est le​ dieu de la médecine, il est fils d’Apollon et de Coronis ; (il perdit sa mère ; il fut allaité par une chèvre ; le centaure Chyron l’éleva ;). Il apprit de ce maître la Médecine et les ​​propriétés des plantes. Par métonymie cela désigne les médecins.

  4. Célèbre peintre grec qui a vécu au IVè siècle av. J.-C. Aucune de ses peintures, quoique louées par les Anciens, n'a été conservée.

  5. Christoph Willibald Gluck, compositeur d'opéra de la période classique autrichien, il ouvre la porte au classicisme viennois dont il est le premier jalon significatif.

  6. Célèbre peintre de l'antiquité (464 av J-C - 398 av J-C).

  7. Sculpteur de l'antiquité (395 - 326 av J-C), il incarne la perfection du classicisme grec, avec, par exemple sa Vénus de Cnide ou l'Apollon Sauroctone, connus par des copies romaines.

  8. Jean-Baptiste Le Prince, peintre français, paysagiste, portraitiste et graveur sur cuivre (1734 - 1781). Le Prince expose au Salon dès 1765, la même année il devient membre de l’Académie royale. Entre 1758 et 1764, il entreprend un long voyage à travers toute la Russie jusqu'au Kamtchatka, d'où il ramènera des scènes "exotiques" caractéristiques de sa peinture.

  9. Héros de la mythologie grecque, poète et musicien. Il fait partie des Argonautes. Son nom est des plus fameux et des plus anciens dans la musique et dans la poésie des Grecs. Dans L'Encyclopédie, il est dit que la musique d'Orphée rendait sensible toutes bêtes féroces et que ses mélodies faisaient danser les arbres et la nature autour de lui. (Encyclopédie, Volume XI).

  10. L'anecdote est rapportée par le peintre Renou, dans le Journal de Paris du 8 novembre 1781: « Ses leçons de pilotage furent malheureusement interrompues par l'attaque d'un corsaire anglais, qui s'empara du bâtiment qu'il montait. A la veille de perdre sa petite pacotille, la présence d’esprit & le sang froid philosophique ne l’abandonnèrent point. Tandis que ces fiers insulaires, d’un air avide & rébarbatif, toisaient les galons de son habit & de son chapeau, pesaient l'or de sa montre, ouvraient et bouleversaient ses malles, il en tira son violon & en joua sur le champ. Charmés de ce trait, comme les lions & les tigres aux accents de la lyre d'Orphée, les ravisseurs sourirent, lui laissèrent la jouissance de ses effets, et finirent par le prier de les faire danser le soir même au son de son instrument en réjouissance de leur capture. » (Journal de Paris, 8 novembre 1781, N°312)

  11. Il s'agit d'une société de musique, comme il en existait sous l'Ancien Régime, qui rassemblaient, notamment lors de concerts, musiciens professionnels et amateurs. On lit, dans les Mémoires secrets de Bachaumont, en date du 30 avril 1782, que les Enfants de l'harmonie, sont "une réunion de gens qui font de la musique, & cependant admettent parmi eux, comme amateurs, des savants, des hommes de lettres, & des artistes de tout genre." (Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France depuis 1762 jusqu’à nos jours, tome 20, p. 213). On sait trop peu de choses sur cette société, pour pouvoir identifier l'auteur de la brochure, qui semble en avoir été membre.

  12. Mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français. (1623 - 1662)

  13. Jacques-Augustin-Catherine Pajou, (1766 - 1828), peintre français. En 1784, il est élève de l'Académie royale de peinture et de sculpture.

  14. Charles-Antoine Bridan, (1730-1805), est un sculpteur français. Nommé professeur à l'Académie en 1780, il succèdera à Etienne-Maurice Falconet en 1795.

  15. Pierre Julien, sculpteur néo-classique français (1731 - 1804). Il entre dans cet atelier et devient également élève de l'Académie royale, il obtenant un premier prix de sculpture en 1765, il entre ensuite à l'École royale des élèves protégés.

  16. Philippe-Laurent Roland, sculpteur français (1746 - 1816). Formé par Augustin Pajou, il se voit confier les travaux d’ornement du Palais-Royal à Paris et de l'opéra royal du château de Versailles.

  17. Robert-Guillaume Dardel, sculpteur-statuaire français (1749-1821), élève de Pajou. Il est considéré comme un sculpteur de composition allégorique sur les grands hommes de France (tels que Pascal ou Bossuet). Le Prince de Condé lui faisait des commandes de sculptures.

  18. Martin-Claude Monot, sculpteur français (1733 - 1803) actif pendant le règne de Louis XVI et la Révolution Française. Il était élève à l'Académie royale de peinture et de sculpture dans l'atelier du sculpteur Louis-Claude Vassé.

  19. Louis-Simon Boizot, sculpteur néo-classique français (1743 - 1803), il est l'élève du sculpteur Michel-Ange Slodtz. Il est nommé professeur à l'École des beaux-arts en 1805 ; il y est remplacé par Philippe-Laurent Roland en 1809 et membre de l'Institut.

  20. Étienne-Pierre-Adrien Gois, sculpteur français (1731 - 1823), d'abord élève d'Etienne Jeaurat, il deviendra l'élève de Michel-Ange Slodtz et remporte le premier grand prix de sculpture en 1757.

  21. Claude Dejoux, sculpteur français (1732 - 1816), il est agréé à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1778.

  22. Jean-Baptiste Pigalle, sculpteur français (1714 - 1785), il rejeté par l'Ecole des Beaux-arts et subit l'influence de Bouchardon.

  23. Référence au projet d'aménagement de la Galerie du Louvre pour l'ouverture d'un musée. Malheureusement, le contexte politique des années 1780 avec la Révolution interrompt le chantier de la galerie et il faut attendre 1792 pour voir le projet d’un « palais des arts » relancé.

  24. Disponible sur la gravure, c'est le deuxième en haut a gauche, sur le mur du fond.

  25. Hugues Taraval, peintre français (1729 - 1785). Élève de Jean-Baptiste Marie Pierre et lauréat du prix de Rome en 1756, il est agréé à l'Académie en 1765.

  26. Louis Jean François Lagrenée, peintre français (1725 - 1805). Il est admis en 1744 à l'École royale des élèves protégés nouvellement créée et obtient le prix de Rome en 1749. Il séjourne à l'Académie de France à Rome de 1750 à 1754.

  27. Disponible sur la gravure, en bas à gauche du mur du fond.

  28. Claude Emmanuel Luillier, dit Chapelle (1626-1686), est un homme de lettres et poète, auteur de vers satiriques ou libertins, publiés de façon posthume en 1755. Réputé pour son enjouement et la légèreté de son esprit, il fut l’ami de Molière, de Boileau ou encore de Cyrano.

  29. Célèbre poète lyrique grec (518 av. J-C - 48 av. J-C)

  30. Roi Soleil, (1638 - 1715) Son règne a duré 72 ans, plus long règne de l'histoire de France.

  31. Jacques-Bénigne Bossuet, surnommé "l'Aigle de Meaux" (1627 - 1704) c'est un homme d'Eglise, évêque, prédicateur et écrivain français.

  32. Alexandre le Grand (336 av. J-C - 323 av. J-C) Roi de Macédoine et personnage les plus célèbre de l'Antiquité. Plus grands conquérants de l'histoire en prenant possession de l'Empire perse.

  33. Héphestion (356 av. J-C - 324) Général macédonien, favori d'Alexandre le Grand ; ami d'enfance du futur souverain et élève d'Aristote.

  34. Disponible sur la gravure, tout en haut à droite.

  35. Dramaturge grec (483 av. J-C - 406 av. J-C), il est le poète ayant écrit la tragédie d'Alceste, histoire d'une femme se sacrifiant pour sauver son époux.

  36. Pierre Peyron, peintre et graveur néoclassique français (1744 - 1814) 1775 - 1782 Académie de France à Rome.

  37. Tableau perdu, disponible sur la brochure, sur le mur de droite, sur la rangée inférieure, du cinquième tableau à droite en partant de la porte du fond.

  38. François-Guillaume Ménageot, peintre français (1744 - 1816) Directeur de l'Académie de France à Rome et membre de l'Académie des beaux-arts, son œuvre est essentiellement constituée de scènes religieuses et historiques.

  39. Disponible sur la gravure, dans le haut à droite du mur du fond.

  40. Oeuvre exposée au Salon de 1781.

  41. Anicet Charles Gabriel Lemonnier, peintre français (1743 - 1824), en 1789, Lemonnier est reçu membre de l’Académie de peinture.

  42. Jean-Baptiste Descamps, peintre et historien d'art français (1714 - 1791) Il est l'auteur de La Vie des Peintres flamands, Allemands et Hollandais, un dictionnaire biographique qui a fait référence. A Rouen, il fonde, sur la base des idées des philosophes des Lumières, une école particulière de dessin qui propose des cours gratuits, qu’il obtint ensuite de rendre publique et dont il fut nommé directeur.

  43. Poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne d'Auguste (70 av. J-C 19 av. J-C)

  44. Eneide, Livre VI, vers 786-787. Ici l'auteur de la brochure compare le "Professeur fécond" avec l'allégorie de la Mère des Dieux, créant des héros. Le père d'Enée, Anchise, utilise cette image pour annoncer à son fils la future gloire de Rome. (L'auteur propose sa propre traduction).

  45. Serment des Horaces, entre les mains de leur Père, conservé au musée du Louvre.

  46. Jacques-Louis David, peintre et conventionnel français (1748 - 1825) ; chef de file du mouvement néo-classique. Formé à l'Académie royale de peinture et de sculpture, il devient en 1784 un peintre renommé avec Le Serment des Horaces. Il est membre de l'Académie royale et de l'Institut.

  47. Jean-Simon Le Bouteux, dit Berthélemy, né le 5 mars 1743 à Laon, et mort le 1er mars 1811 à Paris, est un peintre français. Il est était à l'école royale des élèves protégés.

  48. La Fille de Jephté allant au-devant de son père, conservé au musée de Dijon. Disponible sur la gravure, en haut à droite du mur du fond.

  49. Charles Amédée Philippe van Loo, peintre français (1719 - 1795). Il est nommé professeur de peinture à l'École des beaux-arts de Paris en 1770 et sera remplacé par Jean-Baptiste Regnault en 1807.

  50. Philoctète à qui Ulisse & Néoptolème enlèvent les flèches d’Hercule, Louvre, en dépôt au musée des beaux-arts de Bordeaux. La moitié du tableau est visible tout à droite de la grvure sur le mur de droite.

  51. Jean-Joseph Taillasson, peintre, illustrateur et critique d'art français (1745 - 1809). Il reçoit le troisième prix de Rome en 1769.

  52. Piété & générosité des dames Romaines, Louvre, en dépôt au musée national du château de Fontainebleau. Disponible sur la gravure à gauche du Serment des Horaces, sur le mur du fond.

  53. Saint-Louis rendant la justice dans le bois de Vincennes, église St Jacques à Compiègne. Disponible sur la gravure sur le mur de droite : à partir du mur du fond, c'est le deuxième tableau sur la deuxième rangée en partant du bas.

  54. Nicolas-Guy Brenet, peintre et graveur français (1728 - 1792) Père du médailleurs Nicolas-Guy-Antoine Brenet.

  55. Antoine François Callet (1741-1823), peintre français. Il reçoit en 1764 le Grand Prix de l'Académie où il est admis en 1780.

  56. Achille traînant le corps d’Hector devant les murs de Troye & sous les yeux de Priam & d’Hécube, qui implorent le vainqueur, musée du Louvre. Disponible sur la gravure, le premier tableau tout en haut à gauche.

  57. François-André Vincent, peintre français (1746 - 1816). Professeur à l'Académie de Saint-Luc, puis de Joseph-Marie Vien. Il est admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1777 et, à partir de cette date, expose régulièrement au Salon.

  58. encore flou

  59. L'auteur précise ici le placement du tableau au sein même du salon de 1785. Sur la gravure liée à cet événement on peut voir que le tableau est situé sur le plan gauche de l'exposition, à la dernière rangée, à droite et comme le souligne l'auteur, tout en haut donc éloigné.

  60. Définition de l'Encyclopédie : c’est un des noms de l’acide nitreux en général. Les matérialistes & les ouvriers qui employent l’acide nitreux, appellent eau-forte l’acide retiré du nitre par l’intermede du vitriol.

  61. Joseph-Marie Vien, peintre, dessinateur et graveur français (1716 - 1809). Il fut l'un des maîtres de David, et l'un des premiers initiateurs du goût à l'antique en France.

  62. Retour de Priam avec le corps d'Hector, musée des beaux-arts d'Angers. Disponible sur la gravure, accroché à droite de la porte du fond.

  63. Il s'agit vraisemblablement du tableau Priam partant pour supplier Achille de lui rendre le corps de son fils Hector de M. Vien dont aujourd'hui la localisation est inconnue. Pour visualiser le tableau : https://atravers.hypotheses.org/4310

  64. Citation tirée de l'acte 3 scène 8 de la pièce de Racine, Andromaque.

  65. Auteur de l'Illiade et de l'Odyssée, il est le premier poète grec.

  66. Connu dans l'Antiquité pour l'épreuve de course de chars qui remporte contre le roi de Pise Oenomaos afin d'obtenir la main de sa fille Hippodamie.

  67. Fils de Zeus et de la nymphe Plouto, roi de Phrygie.

  68. Héros grec et roi de Mycènes, assume le commandement de l'armée achéenne durant la guerre de Troie.

  69. Fils du Roi Agamemnon

  70. Héros légendaire de la guerre de Troie, fils de Pélée et de Thétis, dans l'Illiade.

  71. Héros les plus célèbres de mythologie grecque l'Odyssée. Roi Ithaque, marié à Pénélope et père de Télémaque.

  72. Héros troyen de la guerre de Troie, tué par Achille qui veut venger la mort de Patrocle.

  73. Joseph-Benoît Suvée peintre flamand (1743 - 1807). D'abord élève de Matthias de Visch, il vient en France en 1762 pour devenir l'élève de Jean-Jacques Bachelier. Nommé à l'Académie en 1778, il succédera à Brenet comme professeur à l'École des beaux-arts de Paris en 1792.

  74. Disponible sur la gravure, premier tableau en haut du mur de gauche en partant du fond.

  75. Jean Bardin peintre et dessinateur français (1732 - 1809) Professeur de Renaud (Regnault). Il est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1779.

  76. Disponible sur la gravure, tableau accroché juste au-dessus du Serment des Horaces.

  77. Bacchante assise, de grandeur naturelle, & vue jusqu’aux genoux, musée Nissim de Camondo à Paris. Disponible sur la gravure sur le mur de gauche, rangée intermédiaire, le troisième en partant du bord de la gravure.

  78. Elisabeth Vigée le Brun, peintre et portraitiste française (1755 - 1842) Peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI, du royaume de Naples, de la Cour de l'empereur de Vienne, de l'empereur de Russie et de la Restauration. On lui connaît aussi plusieurs autoportraits, dont deux avec sa fille.

  79. Portraits réalisés par vigée-Lebrun : Mme la baronne de Crussol, Mme la Comtesse de Clermont-Tonerre ou la Comtesse de Ségur.

  80. Monseigneur le Dauphin & Madame, Fille du Roi, tenant un nid d’oiseaux dans un Jardin, conservé au musée du château de Versailles.

  81. Adélaïde Labille-Guiard, artiste peintre, miniaturiste et pastelliste française (1749 - 1803) Membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture et Académie de Saint-Luc. Elle entre ensuite à l'Académie de Peintre en 1783. Elle était mariée au Peintre Vincent.

  82. Disponible sur la gravure, troisième tableau à droite en partant du bord de la gravure, rangée intermédiaire.

  83. Anne Vallayer-Coster, artiste peintre française du mouvement rococo (1744 - 1818) Admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1770.

  84. Disponible sur la gravure, parmi les portraits dans la partie gauche du mur dur fond, on aperçoit deux hommes d'église.

  85. Tableau de Gibier, composé d’un Canard, d’une Sarcelle, d’un Lièvre, &c. et Un Chien de chasse posant la patte sur un Lièvre ; on voit dans le fond un Fusil, une Carnassière & une Poire à poudre, accrochés à un tronc d’arbre

  86. Alexandre Roslin, peintre suédois (1718 - 1793)

  87. Une Dame debout, en satin blanc, devant une glace, pour y achever sa toilette. Il s'agit probablement du tableau qu'on aperçoit, sur la gravure : le deuxième à droite de la porte du fond, en bas.

  88. Joseph-Siffred Duplessis, peintre français (1725 - 1802), il expose cinq portraits à l'Académie de Saint-Luc.

  89. Adolf Ulrik Wertmüller, portraitiste suédois (1751 - 1811), Il est, avec Gustaf Lundberg et Alexander Roslin, l'un des principaux artistes suédois ayant exercé à Paris au XVIIIe siècle. En 1772, il se rend à Paris et travaille d’abord un an dans l’atelier de Joseph-Marie Vien avant d’entrer à l’Académie royale.

  90. La Reine, Monseigneur le Dauphin & Madame, Fille du Roi, se promenans dans le jardin Anglois du petit Trianon, National Museum de Stockholm.

  91. Antoine Vestier, peintre français (1740 - 1824). Il suit les cours de l'Académie royale de peinture et de sculpture.

  92. Portrait en pied de Mlle Vestier, peignant le portrait de son père, tableau perdu. Disponible sur la gravure dans l'angle entre le mur de gauche et le mur du fond, à la deuxième rangée en partant du bas, entre le grand tableau de la Mort de la femme de Darius et des Ruine d'Hubert Robert.

  93. Pierre-Alexandre Wille, peintre français (1748 - 1837). Agréé par l’Académie en 1774, il prit part dès lors à la plupart des Salons ainsi qu’à certaines expositions du Salon de la Correspondance.

  94. Perdu, le tableau est visible sur la gravure, sur le mur du fond, en bas à gauche, sous le grand tableau de la Mort de la femme de Darius.

  95. Audinot (Nicolas-Médard), acteur et auteur de la Comédie Italienne (1730-1801), en 1772, il fit représenter de grandes pantomimes, qui firent sa fortune.

  96. Le Drame bourgeois a été inventé par les Lumières et plus précisément théorisé par Denis Diderot. Ce genre se trouve entre la comédie et la tragédie et met en scène une intrigue où l'on plonge dans la vie des familles bourgeoises frappées par des « malheurs domestiques ». Ce genre permet aux spectateurs de s'identifier plus facilement aux personnages présent dans ce genre.

  97. Moyse sauvé des eaux par la fille de Pharaon. Disponible sur la gravure sur le mur du fond, juste au-dessus de la porte, tandis que le petit est situé dans la rangée inférieur du mur du fond, en cinquième position en partant de la gauche.

  98. Jean-Baptiste Regnault, peintre néoclassique français (1754 - 1829) Il est reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1783 et expose au Salon son morceau de réception L'Éducation d'Achille par le centaure Chiron (Musée du Louvre).

  99. Psiché venant à la faveur d’une lampe, pour poignarder son amant qu’elle croit un monstre : elle reconnoît l’Amour, musée d'Angers.

  100. Disponible sur la gravure, en haut du mur de droite, le premier en partant du fond.

  101. Papilloter : terme de peinture, emprunté au vocabulaire des perruquier: "on dit des ombres & des lumières, qu’elles papillotent, lorsqu’elles sont distribuées les unes entre les autres par petits espaces, produisant sur un tableau le même effet que des papillotes de papier blanc, éparses sur une tête dont la chevelure est noire." (Encyclopédie, t. XI)

  102. Disponible sur la gravure, au milieu de la deuxième colonne en partant du fond, sur le mur de droite.

  103. Jean-Jacques Le Barbier, peintre, illustrateur et écrivain français (1738 - 1826). Il fait partie de l'école des beaux-arts de Rouen, il obtient une médaille d’or au Salon de 1808. Il devient membre de l’Académie des beaux-arts, lors de sa réorganisation en 1816, de l’Académie de Rouen et de plusieurs autres sociétés savantes.

  104. Deux tableaux : Une Marine avec une Tempête, & naufrage d’un vaisseau et Deux Tableaux, faisant pendans, l’un représente un Paysage au milieu d’un Orage, & l’autre une Marine en calme, avec l’entrée d’un Port de mer.

  105. Claude Joseph Vernet, peintre, dessinateur et graveur français (1714 - 1789). Il se constitue un solide réseau international là Paris via les salons et l'Académie royale.

  106. Pierre-Antoine Demachy, artiste peintre français (1723 - 1807) Il s’est fait une spécialité des peintures de ruines, des décors architecturaux en trompe-l’œil et surtout des vues de Paris.

  107. Trois tableaux : Autre Tableau représentant la Colonnade de la Place de Louis XV & la Maison de M. de la Reyniere ; cette vue est ornée du Ballon de MM. Robert, llumination de la Place de Louis XV au moment du Feu d’artifice qu’a donné M. le Comte d’Aranda à l’occasion de la naissance de Mgr le Duc de Normandie et Vue de la Place de Louis XV & des Tuileries à l’instant du départ du Ballon de MM. Charles & Robert, prise au bas de la terrasse de l’Hôtel de Condé.

  108. Deux tableaux : Démolition de l’ancienne Porte du Palais, avec la nouvelle façade et Vue de l’escalier du Palais en face de Saint-Barthélemy.

  109. Le 19 septembre 1783, le premier vol aérostatique de l'Histoire : le décollage de la première montgolfière. L'expérience est conduite par les frères Montgolfier à Versailles.

  110. Charles-François Nivard, peintre français (1739 - 1821) Les tableaux de Charles-François Nivard sont inspirés des thèmes en vogue à la fin du xviiie siècle : nombreux paysages champêtres, scènes villageoises, ruines antiques ou décors urbains.

  111. Jean-Louis de Marne, peintre et graveur français (1752 - 1829) Il a peint une foule de tableaux de genre dans lesquels les personnages, les animaux et le paysage se mélangent pour recréer tantôt l'atmosphère champêtre et grouillante d'une foire du XVIIIe siècle, tantôt le calme d'une route pavée de campagne.

  112. Philips Wouwerman (1619-1668) est l'un des plus grand peintre du siècle d'or hollandais.

  113. Jules-César-Denis van Loo, peintre français (1743 - 1821) Il fut reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 17842 et exposa aux Salons entre 1784 et 1817.

  114. Hubert Robert (1733-1808), peintre français, spécialisé dans la peinture de paysage, d'architecture et de ruines. Il entreprit un long séjour à Rome entre 1754 et 1765, et contribua à diffuser en France le goût pour le pittoresque et la mélancolie des ruines.

  115. Deux Tableaux, l’un représente un Incendie dans la ville de Rome, apperçu à travers la colonnade d’une galerie ; on voit, sur le devant, une Pièce d’eau dans le genre des anciens bains publics. L’autre représente la Réunion des plus célèbres Monumens antiques de la France, tels que les Arènes & la Maison quarrée de Nîmes, le Pont du Gar, l’Arc de Triomphe & le Monument de Saint-Remy, & un autre Arc de Triomphe d’Orange et L'incendie de Rome. Disponible dans la gravure, ce deuxième tabelau est visible dans la rangée intermédiaire du mur de gauche, avant l'angle du mur du fond.

  116. Gérard van Spaendonck, peintre et graveur néerlandais (1746 -1822) Il est l'un des premiers peintres à avoir introduit dans un autre pays d'Europe la tradition de la peinture florale néerlandaise.

  117. Trois tableaux : Bas-relief, imitant le vieux marbre, représentant des Enfans qui préparent un Sacrifice, Deux bas-reliefs, imitant la terre cuite, d’après M. Clodion et Deux Bas-reliefs, imitant le bronze ; dans l’un des Enfans jouent avec un Lion, & dans l’autre avec une Panthère.

  118. Pietr Joseph Sauvage (1744 - 1818) est un peintre belge, connu pour ses trompe-l'œil en grisaille. Il est reçu à l'Académie en 1783.

  119. Jean-Antoine Houdon, sculpteur français (1741 - 1828) Il est l'un des plus importants statuaires du XVIIIe siècle. Réputé pour le rendu réaliste de ses œuvres.

  120. Jean Joseph Foucou (1739 - 1821) est un sculpteur français. Entré à l'École royale des élèves protégés en 1769, il est reçu à l'Académie, à l'occasion de ce salon de 1785, avec sa statue de Fleuve comme morceau de réception.

  121. Jean-Baptiste Stouf, sculpteur français (1742 - 1826) 1786, il reçoit du comte d'Angiviller la commande d'un Saint Vincent de Paul pour compléter la série de statues des Hommes illustres du palais du Louvre. 1810, il succède à Jean-Guillaume Moitte comme professeur de sculpture à l'École des beaux-arts de Paris. 1819 Stouf participe au Salon.

  122. Charles De Wailly, architecte français (1730 - 1789) En 1767, De Wailly fut reçu membre de la première classe de l'Académie royale d'architecture et, en 1771, de l'Académie royale de peinture et de sculpture.

  123. A cette même époque, Louis-Sébastien Mercier venait de publier un ouvrage intitulé Mon bonnet de nuit.

  124. Référence à une phrase des Œuvres poétiques de Boileau apparue dans le Le Lutrin : « Et, lasse de parler, succombant sous l’effort, Soupire, étend les bras, ferme l’œil, et s’endort. »

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Une édition numérique d'une brochure de critique d'art

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